Une inititiative nécessaire depuis longtemps !
Steve Tanner, membre du conseil d’administration d’A Rocha, répond à quelques questions au sujet de l’initiative Biodiverstié.
Que pensez-vous de l'initiative pour la biodiverstié ?
Les espèces vivantes en Suisse se portent très mal : sur les 10 844 espèces évaluées, 35 % (3776) sont considérées comme menacées ou déjà éteintes et 12 % (1282) comme potentiellement menacées. 242 espèces ont déjà disparu, probablement pour toujours. Ces tristes observations prouvent que les efforts faits jusqu’à présent sont insuffisants.
Selon l’Office fédéral de l’Environnement, l’obligation faite par la Constitution de protéger les espèces menacées d’extinction n’est pas satisfaite, et la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage est insuffisamment mise en œuvre. L’initiative n’est donc pas seulement fondée : elle est indispensable et a été déposée en réponse à l’action insuffisante de notre pays.
On entend beaucoup les partis d’opposition brandir l’argument-choc des « 30% du territoire national intouchables », mais le texte ne mentionne aucun chiffre. D’où vient ce chiffre ?
Ce chiffre a été exagéré. L’initiative ne donne pas d’objectifs. Un chiffre plus juste serait 17 %, c’est le pourcentage minimum de territoire national que la Suisse s’est engagée à protéger pour 2020.
Or, aujourd’hui seulement 13.6 % de son territoire est protégé, c’est l’une des raisons principales de la disparition des espèces. Il faut davantage de territoire protégé sur lequel on doit interdire le bétonnage, et pas forcément y interdire l’agriculture.
On perçoit une certaine tension entre les acteurs pour l’écologie et le monde paysan; est-il possible de réconcilier les deux points de vue? Si oui, comment? Si non, pourquoi?
Le débat autour de l’initiative s’est à tort focalisé sur le monde paysan, dont une partie craint qu’elle va encore compliquer son existence et réduire ses marges. Ces craintes sont infondées et cachent le vrai problème. D’une part, l’initiative demande des efforts de la part de toute la société civile. Elle ne vise pas en particulier l’agriculture, qui fait déjà de gros efforts. D’autre part, elle ne fait que demander les mêmes efforts que la Confédération demande.
Un grand nombre de mesures efficaces pour protéger la biodiversité ont été identifiées depuis longtemps, mais à part dans l’agriculture où des efforts significatifs ont été faits, d’autres domaines, en particulier la protection des écosystèmes menacés, leur interconnexion et les mesures ciblées de protection des espèces, sont insuffisants. Pourquoi ? Ils demandent de limiter l’urbanisation et la fragmentation des habitats, ce que peu de suisse soutiennent. On veut le beurre et l’argent du beurre. Les paysans n’ont que peu d’influence sur ces secteurs. Arrêtons de leur mettre la faute dessus. L’initiative ne le fait pas.
Sur quels fondements bibliques basez-vous votre opinion ? / Que voulez-vous dire aux chrétiens qui iront voter le 22 septembre ?
Le premier mandat de Dieu pour les humains est de cultiver et garder le jardin. L’intégrité des espèces en fait partie. Dieu a fait périr quasiment toute l’humanité par le déluge, mais il a pris soin de sauver la biodiversité qu’il a créé. Si nous prétendons honorer Dieu, nous devons donc aussi prendre soin de ses œuvres. Ce n’est pas une option. Le matérialisme et l’individualisme ont eu raison de cet appel, y compris et à notre grande honte chez les chrétiens. Il est urgent de rattraper le temps perdu et d’inverser la disparition du monde créé par Dieu.
Nous demandons aux chrétiens de soutenir l’initiative, qui ne fait que rappeler les obligations que notre pays s’est fixé pour protéger son patrimoine naturel.