Les effets négatifs des microplastiques sont divers et ont été étudiés depuis les années 60, seulement 30 ans après le début de leur production de masse. La principale menace réside dans le fait qu’ils jouent le rôle d’« accumulateurs » ou fixateurs de polluants principalement hydrophobes (n’aimant pas l’eau). Ces microplastiques recouverts d’une forte concentration de polluants représentent ensuite une menace dramatique pour la biodiversité marine car ils peuvent être ingérés à tous les niveaux de la chaîne alimentaire, de par leur petite taille. Une fois ingérés, tant activement que passivement, les polluants se stockent dans les tissus graisseux des organismes et, par effet de bioamplification, ceux-ci se retrouvent à de très fortes concentrations dans les organismes en haut de la chaîne trophique. A certaines concentrations, ces polluants peuvent causer des dommages physiologiques importants chez certaines espèces à l’exemple des oiseaux marins, étant les plus impactés par cette pollution en microplastiques.
Même si la présence de microplastiques a été essentiellement étudiée dans les océans et les mers, quelques études se sont penchées sur cette problématique, mais cette fois-ci dans les lacs. L’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) a mené plusieurs études pour démontrer que la problématique des microplastiques est aussi bien présente dans le lac Léman. En effet, les chercheurs se demandaient si les eaux des lacs contenaient déjà une concentration importante de microplastique ou si ces types de plastiques ne se retrouveraient que dans les océans. Cette étude a révélé une contamination en microplastiques dans le lac Léman de 220’000 particules au km2, dont des microplastiques de la deuxième catégorie. Cela démontre que les plastiques dans le lac Léman ont suffisamment de temps pour se dégrader et devenir déjà des microplastiques avant d’atteindre l’océan. L’association genevoise Oceaneye a mesuré, elle, une concentration de 129 g/km2ce qui n’est pas loin de celle des océans (160 g/km2) et a relevé que 20% des particules proviennent des emballages, le reste étant méconnu.
Les microplastiques risquent de représenter la prochaine grande menace pesant sur les océans et les lacs ainsi que les organismes qui y vivent. En effet, même si de plus en plus de moyens sont mis en place pour limiter la production, la consommation et l’élimination dans l’environnement des macroplastiques (interdiction des pailles, des sacs en plastique, sensibilisation, tri des déchets), la quantité de microplastiques dans l’océan continuera à augmenter encore de nombreuses années. Car tant qu’il y a des macroplastiques dans les océans pouvant être dégradés et se fragmenter, la concentration et l’étendue des microplastiques vont continuer à augmenter. Chaque année dans le monde, plus de 300 millions de tonnes de plastiques sont produits dont seulement 3% sont recyclés. 8 millions de tonnes de plastique se retrouvent ensuite dans les océans chaque année dont 80% provenant des continents (lessivages des routes, égouts, décharges d’ordures, sites de fabrication et transformation du plastique) et 20% des bateaux. Les microplastiques représentent 1% de ces 8 millions de tonnes avec entre 15 à 51 trillions de particules. Ces chiffres illustrent que les microplastiques seront une des préoccupations majeures des prochaines années de par la dégradation des macroplastiques. Depuis quelques années, de nombreuses solutions technologiques sont mises au point pour dépolluer les océans, mais celles-ci s’attaquent uniquement à la pollution en macroplastiques. En effet, les microplastiques, eux, sont beaucoup plus difficile à détecter, à recueillir et à éliminer puisqu’ils se retrouvent partout tout en étant invisibles. Ils sont aussi beaucoup plus mobiles, pouvant se retrouver mêmes dans les régions polaires inhabitées.